L’intelligence collective est un thème que l’on entend de plus en plus au sein des organisations. Nouveau terme à la mode ou réel levier de performance pour les entreprises ? C’est tout le sujet de cet article, issu de l’intervention de Marie Albertini, CEO de Jalan, qui était l’invitée de “l’Onde 100% RH”, le podcast de la communauté d’entreprises RH Batka.
Intelligence collective, de quoi parle-t-on exactement ?
Si l’on revient à l’origine, une entreprise, ce sont des hommes et des femmes, différents, complémentaires, singuliers, rassemblés pour faire union pour un même projet. Ils ont pour tâche de créer des biens ou des services. L’intelligence collective, c’est : “tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”.
Dans l’intelligence collective, il y a deux niveaux :
Le premier niveau ? La coopération. Étymologiquement parlant, c’est le fait d’opérer ensemble. C’est mettre en commun des ressources, se répartir les tâches et se partager une cause commune. Symboliquement, on dit 1 + 1 = deux, trois, parfois quatre. La coopération est basée sur un mode plutôt consensuel : éviter le conflit en favorisant des relations assertives, vraies, responsables et durables. Aujourd’hui, la coopération ne suffit plus !
Le deuxième niveau ? La collaboration. Encore une fois, si l’on s’intéresse à l’étymologie, c’est le fait de fournir un effort ensemble, de travailler ensemble, de participer activement à une œuvre commune. C’est ici que l’enjeu se trouve aujourd’hui ! Dans la collaboration, nous allons chercher le 1 + 1 = 10, certains disent même 1+1 = infini ! Dans la collaboration, nous allons challenger la convergence et plus seulement le compromis.
L’intelligence collective, un péage incontournable pour faire réussir une entreprise ?
Dans un monde beaucoup plus mouvant et dynamique, seule la réflexion collective bien structurée peut permettre la créativité nécessaire pour appréhender cette complexité.
Chez Jalan*, nous avons l’habitude de dire que nous sommes passé d’un mode “voyage organisé” où l’on demandait aux managers d’anticiper les risques, de contrôler, de réduire et de gérer les imprévus, à un monde de “voyages d’aventure” où le leader a une véritable raison d’être : créer les conditions pour que le collectif gère les imprévus avec performance, créativité et sérénité. Et cerise sur le gâteau, avec plaisir, parce que c’est une véritable aventure collective !
Cela est d’autant plus complexe aujourd’hui, avec des équipes hybrides ! Travailler l’intelligence collective avec une partie à distance et une partie en présentiel n’est vraiment pas simple du tout.
Les entreprises doivent donc se transformer et adapter leurs pratiques pour intégrer l’intelligence collective dans leurs enjeux !
Concrètement, comment développer l’intelligence collective dans ses équipes ?
Les formes pour développer l’intelligence collective sont multiples. Cela peut être informel, formel, sur des durées et des formats qui sont très divers, de 2h à plusieurs journées.
Voici quelques exemples de solutions :
- Former des groupes de codéveloppement : l’ajustement de ces pratiques entre pairs est une forme d’intelligence collective.
- Mettre en place des ateliers de facilitation pour résoudre des problèmes ou générer des idées.
- Organiser un séminaire de teamcoaching, pour travailler, avec une équipe, pour qu’elle soit plus puissante au service du collectif.
- Créer une communauté de formateurs internes, de managers, de chefs de projet transverses ou encore sensibiliser tous les managers au quotidien pour qu’ils fassent preuve d’intelligence collective.
Les sujets et les formats sont inépuisables !
Un dispositif long et coûteux pour l’entreprise ?
Développer l’intelligence collective n’est pas forcément long, ni coûteux ! Tout dépend de l’objectif de l’entreprise et du contexte.
Comme on le dit souvent, “si on ne sait pas où on va, on finit ailleurs”. Et comme pour tout, l’intelligence collective n’est pas forcément adaptée tout le temps. En l’exploitant à mauvais escient, elle devient contreproductive… Depuis les années 2010, nous avons effectivement un phénomène de mode, où les équipes en entreprise se sont mises à brainstormer ensemble, comme une fin en soi… Cependant, si ce n’est pas bien structuré, il est possible d’avoir l’impression d’accoucher d’une souris… Dans ce cas, le 1+1 fait à peine deux.
Pour que l’intelligence collective soit efficace, sans forcément être une démarche trop longue, ni couteuse, il est essentiel de structurer la démarche. Il est possible de se faire accompagner pour cela.
Quelles sont les conditions de réussite ?
Il y a 4 principales conditions de réussite à la mise en place d’un dispositif d’intelligence collective.
Condition n°1 : Définir clairement l’objectif et surtout le livrable attendu du groupe qu’on va solliciter
Il est essentiel de cadrer la démarche pour obtenir un résultat satisfaisant. Que souhaite-t-on que le groupe livre à la fin ? Eventuellement même, sous quelle forme ?
Condition n°2 : Bien choisir la composition du groupe
En fonction de l’enjeu sur lequel on va le challenger, la composition du groupe est extrêmement importante (des réfractaires à priori, des proactifs, des nouveaux, des expérimentés, des métiers différents…).
Condition n°3 : Annoncer au groupe ce qui sera fait de la production.
Exploiter l’intelligence collective peut avoir plusieurs issues. Il est indispensable d’annoncer au groupe, en amont, quel est l’objectif de leur production. Soit il va s’agir d’une simple consultation pour éclairer les décideurs, soit, au contraire, on demande au groupe d’aboutir à une décision convergente. Dans ce cas, la direction ou le décideur doit être d’accord pour porter, telle quelle, la décision prise par le groupe.
Ne pas clarifier dès le départ l’objectif de la production, ou faire un mélange des genres, peut avoir des effets très contreproductifs. L’entreprise peut alors tomber dans des dérives telles que la “facipulation” (mélange de facilitation et de manipulation) : le décideur choisit uniquement ce qui lui plaît ou pas dans la production. Ou encore la facilidirection. Dans ce cas, l’entreprise fait réfléchir une équipe, mais pour autant, les décisions sont déjà actées à l’avance. Dans ces deux cas, le groupe peut avoir l’impression d’avoir travaillé pour rien et ressortir frustrer de cette expérience.
Condition n°4 : Soigner le «design du processus »
L’intelligence collective, c’est un peu comme les cours de ski ou le solfège : il y a une architecture derrière, un design qui fait que l’intelligence crée de la valeur.
Concevoir et animer un atelier d’intelligence collective est un métier. Il y a autant de profils dans un groupe, que de personnes, avec leur singularité, leur complémentarité, leurs enjeux. Pour garantir que cet atelier soit performant, il y a un processus et des étapes avec une phase de divergence, une phase d’émergence, puis une phase de convergence à respecter. C’est pourquoi il est important d’avoir quelqu’un qui soit garant de ce processus. Cette personne peut être en interne, et parfois, il est plus facile de se faire accompagner d’un consultant externe ou d’une personne qui ne va pas être dedans et dehors en même temps pour garantir le processus.
En respectant ces conditions, voici quelques exemples de situation dans lesquelles l’intelligence collective peut apporter de la valeur : générer des idées, faire un bilan en équipe, résoudre un problème complexe, débattre, conduire un projet, s’aligner sur une projection, passer une décision au crible, co-décider d’une feuille de route, innover sur un produit…
L’intelligence collective, un dispositif gagnant pour l’entreprise et les collaborateurs
Pour l’entreprise, on perçoit parfaitement les bénéfices de l’intelligence collective : la diversité des idées, la résolution du problème, l’engagement des collaborateurs, la création de solutions innovantes, le renforcement de la culture d’entreprise…
Pour les équipes, c’est une occasion de s’impliquer dans la co-construction et les transformations de l’entreprise. Elles s’expriment avec leurs points de vue, leurs réalités, leurs idées et souvent avec ce que certains appellent le GBS, le “gros bon sens”. Grâce à l’intelligence collective, elles deviennent des vraies ambassadrices de ce qu’elles ont co-créé dans les transformations.
L’intelligence collective est un outil efficient et une approche gagnante pour tout le monde. C’est un superbe levier pour accompagner le changement et les transformations et rendre les gens acteurs, ce qui est vraiment essentiel ! Un changement imposé n’est pas durable. Il l’est quand il est porté et incarné par les femmes et par les hommes. C’est pourquoi il est important qu’ils prennent leur part dans la co-construction en contribuant au cap de l’entreprise.
L’intelligence collective est une des clés à faire vivre au quotidien. Chez Jalan, nous accompagnons ce processus avec notamment deux actions de formation.
La première qui est de développer l’intelligence collective au quotidien pour les managers hiérarchiques ou transverses. Pendant deux journées, nous leur proposons de s’entraîner à partir de leurs situations concrètes dans lesquelles ils auraient envie de mobiliser l’intelligence collective. Ainsi, ils construisent des dispositifs très pragmatiques, avec la bonne posture, les bons réflexes, les bons outils. Et c’est souvent une vraie révélation !
Notre deuxième action est un atelier un peu plus spécifique qui consiste à animer des réunions collaboratives dans lesquelles les personnes viennent, pendant une à deux journées, enrichir leur boîte à outils pédagogiques pour pouvoir transformer une réunion classique en un véritable moment mobilisateur et créateur de valeur.
Vous souhaitez vous faire accompagner pour développer l’intelligence collective dans votre entreprise ?